Paris

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NOS SILENCES NE NOUS PROTEGERONT PAS

Installation-vidéo -Performance – Paris 

« Transformer le silence en parole et en acte« 

« La raison du silence, ce sont nos propres peurs, peurs derrière lesquelles chacune d’entre nous se cache – peur du mépris, de la censure, d’un jugement quelconque, ou encore peur d’être repérée, peur du défi, de l’anéantissement. Mais par-dessus tout, je crois, nous craignons la visibilité, cette visibilité sans laquelle nous ne pouvons pas vivre pleinement. »

Audre Lorde , poétesse guerrière , féministe noire américaine ( 1934-1992)

J’ai rencontré des filles, des mères, des femmes qui avaient vécu des violences aux motifs qu’elles sont nées « femmes ». J’ai été touchée, parfois bouleversée par leurs histoires, révoltées par le silence complice de la société, par la domination d’une société construite sur un modèle patriarcal.

De là sont nées l’envie, la nécessité et aujourd’hui l’urgence de ce projet de création, pour donner à voir, à entendre, à ressentir au plus profond de chacun de nous ces violences insoutenables faites aux femmes, à leurs corps, à travers le temps et les âges ; ce même corps, cette matrice qui est le berceau de la vie ! 

Les violences physiques, il s’agit de l’ensemble des atteintes physiques au corps de l’autre dans le but de lui faire mal. C’est la forme la plus identifiable puisqu’elle laisse des traces visibles. Les coups portés mettent les femmes en danger de mort. La cellule familiale qui est par vocation le lieu de protection de l’intimité peut être aussi celui de la domination et de la violence commise dans le secret, protégé par la honte et le sentiment de culpabilité des victimes.

Un jour au Nigéria une femme Igbo a troué accidentellement sa jarre d’eau … Ainsi est né le Udu instrument de percussion en argile joué avec les mains ; il était joué par les femmes Igbo pour les utilisations cérémonielles.

J’ai eu le bonheur d’en fabriquer un. J’ai ressenti que je façonnais un ventre de femme.

Le Udu est devenu pour moi la métaphore de ces ventres de femmes française, malienne, bosniaque, colombienne, indonésienne, américaine…qui subissent au quotidien humiliations et crimes car cette barbarie est universelle ! 

Pour tenter d’aider ces femmes en souffrance à réparer leurs blessures, je choisis de planter les Udus dans la terre, « ventre contre terre », pour y déposer leurs doutes , leurs souffrances, cicatriser  les   douleurs … car nous venons de la terre. 

Ma performance a consisté à prendre ces Udus  au cœur desquels étaient enfouis des témoignages de femmes et les briser au sol pour rompre le silence , éclabousser les mots, faire entendre au public présent ces voix , ces cris de femmes meurtris !

Guy GABON – www.guygabon.com